Le droit de manifester en France est menacé

Le rapport d'Amnesty International est catégorique: les conditions de bonne tenue des manifestations se sont franchement détériorées.

 

Trois axes peuvent être retenus : le passage en force de l’application des réformes, l’évolution des ordres du Ministre de l’Intérieur et l’état d’urgence permanent.

 

 

Le mandat octroyé par les urnes au président de la République n’est pas un blanc saint sur la politique à mener. La manifestation est et doit demeurer comme étant un des premiers moyens d’expression politique.

 

L’actualité récente avec la projection du recours aux ordonnances et aux moyens permettant le passage en force laisse présager un exercice du pouvoir n’ayant rien de démocratique, même si le caractère novateur n’apparaît pas (les ordonnances ne datant pas d’hier). Le mandat du président n’est pas un mandat impératif sinon la forme du régime devrait changer irrémédiablement vers une qualification autoritaire voire dictatoriale.

 

Une des pistes de démocratie participative (voire directe) pourrait être le remplacement du Sénat par une assemblée des citoyens représentative et tirée au sort.

 

Les violences observées lors des derniers mouvements sociaux laissent apparaître également qu’un cap a été franchi dans l’autorité de L’État et de ses représentants. Quand on manifeste un désaccord dans la rue, on ne doit pas se prémunir comme si on allait à la guerre. C’est une anomalie criante qui n’est que trop peu relevée.

 

Que des violences existent du côté de certains esprits belliqueux (créateurs de désordre portant atteinte à autrui et aux biens publics) du côté des « manifestants » (manifestent-ils?), c’est entendu et les retombées sont personnelles puisqu’ils agissent en tant que "personne physique". Quasiment tout le monde les condamne ; ce n’est pas un argument pour rétorquer qu’un « deux poids, deux mesures » serait pratiqué dans les critiques (a minima) à apporter (argument souvent rétorqué par les défenseurs de « l’ordre » avec la pondération et l’objectivité que l’on sait).

 

Par contre, lorsque l’attaque ou à plus forte raison, l’assaut provient d’un représentant des forces de l’ordre (et donc de L’État, personne morale!!!), ce ne peut être mis sur un pied d’égalité. Si ce qui doit représenter l’ordre (!) public utilise les moyens et devient soi-même acteur du désordre, comment peut-on prétendre être en sécurité ?

 

Un citoyen peut s’extraire du champ de la Loi républicaine, il est jugé et éventuellement condamné. Mais quand l’État (ou son représentant), garant et exécutant de la Loi, s’y soustrait, il est d’autant plus condamnable. À défaut, l’État n’a, en partie, plus lieu d’être puisque les repères tombent et le "contrat" (si on peut l’exprimer ainsi) est caduc avec les citoyens.

 

Si les représentants de l’ordre sont créateurs de désordre envers ceux qui n’en créent pas (les manifestants, pacifiques pour l’immense majorité), la donne n’est plus tenable et le droit de manifester par extension est menacé. Il n’est plus question de garantir une sécurité mais de dissuader de prévoir une action démocratique.

 

Ce qu’on voudrait nous faire croire serait que les manifestants, pour la plupart, engagent le premier souffle contre les représentants de l’ordre dans l’escalade qui s’en suit. En toute objectivité, ceux qui ont pris part (et exclusivement!) à de nombreux rassemblement le savent : c’est évidemment faux. Il est davantage question d’une volonté politique d’annihiler par la force la contestation populaire (les procédures législatives prévues en attestent).

 

Enfin, l’état d’urgence permanent contribue à ce délitement du droit de manifester. Un état d’urgence permanent est un non-sens complet. Par urgence, on entend une situation exceptionnelle. Si l’exception se prolonge, elle n’est par définition plus l’exception mais la norme. Il en est de même pour la crise.

 

Le terme de crise, emprunté au lexique médical, qualifie le moment où le malade passe dans un état de mort imminente. Il s’agit donc d’une période très retreinte et intense. Par conséquent, une « crise » qui dure depuis 30 ou 40 ans est également un non-sens. Si la crise se prolonge, elle n’est par définition plus la crise mais un changement de paramètres.

 

 

Le droit de manifester est en danger, simple crise ou « crise permanente » ?

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